Le bàkk représente un aspect emblématique de la lutte wolof, renforçant la dimension artistique et culturelle de ce sport national qu’est le Bëre.
À noter : Le terme wolof Bëre désigne le sport lui-même, tandis que Làmb se réfère à la séance regroupant plusieurs combats.
Jadis, le bàkk prenait la forme d’une auto-glorification verbale, une poésie orale soigneusement composée après chaque victoire, rythmée par les percussions du tam-tam.
Le lutteur, portant son pagne traditionnel autour de la taille, y démontrait toute sa puissance physique et son talent artistique. C’était l’occasion rêvée de réciter son palmarès en énumérant un à un ses adversaires vaincus. Avec précision, et parfois même une certaine exagération, il décrivait la manière dont il avait triomphé de chacun d’eux. Cette performance était magnifiquement accompagnée par son griot, qui battait le rythme sur le plus grand tam-tam.
Le bàkk était un art poétique raffiné où les lutteurs démontraient un talent extraordinaire de composition. Leurs envolées lyriques s’entremêlaient harmonieusement avec les accents profonds du grand Làmb, orchestrés par le griot. Une véritable complicité artistique unissait le lutteur-poète et son griot, créant ainsi une performance où la force des mots dansait avec la puissance des percussions.
Le Bàkk face à la modernité
Cette alliance d’élégance, de force physique et d’expression artistique ravissait les spectateurs d’antan. Elle se distingue nettement des interminables chorégraphies exécutées de nos jours par les lutteurs avant les combats, lesquelles se prolongent souvent tard dans la nuit.
En référence, nous évoquons les bàkk admirablement exécutés par d’illustres champions disparus tels qu’Abdu Rahmaan Njaay Falaŋ, Njuga Tin, Yuusu Jéen et Maam Goorgi Njaay, parmi tant d’autres grands maîtres de cet art. Leurs performances, d’une virtuosité inégalée, demeurent gravées dans la mémoire collective de la lutte sénégalaise et restent, à ce jour, inégalées. Que le Tout-Puissant accueille leurs âmes en Son Paradis et leur accorde Sa Miséricorde.
Comments are closed